- SUCRE (A. J. de)
- SUCRE (A. J. de)SUCRE ANTONIO JOSÉ DE (1795-1830)Figure marquante, Sucre peut être considéré comme le Saint-Just des guerres d’indépendance hispano-américaines. Il est le compatriote de Bolívar, et son fidèle lieutenant, le suivant dans toutes ses campagnes; sa brillante carrière militaire le conduit du Venezuela à la Nouvelle-Grenade (la future Colombie), et de Quito à Potosí, en passant par Lima. Il administre de façon désintéressée les anciens royaumes et les nouvelles républiques et manifeste des dons d’homme d’État.Pendant les guerres d’indépendance, il est envoyé par Bolívar à Quito et, comme chef du Haut et du Bas-Pérou (la Bolivie et le Pérou actuels), il se trouve pris dans les nœuds inextricables des régionalismes. C’est à lui que revient, en 1824, la gloire de la victoire d’Ayacucho qui met fin à la domination espagnole en Amérique; l’année suivante, il est vainqueur des ultimes résistances dans le Haut-Pérou. Qu’était donc le Haut-Pérou? Une nation, un peuple ou une province? En tant que province, à qui serait-il revenu: à Lima ou à Buenos Aires? Pour éviter la guerre entre le Pérou et l’Argentine, Sucre tranche le nœud gordien et choisit la fuite en avant: l’indépendance. Bolívar, après une première réaction négative, se range à ses raisons et l’approuve. L’aristocratie créole opportuniste (elle avait été pro-espagnole jusqu’au bout) baptise Bolivie le nouveau pays et l’offre à Bolívar. Ce dernier rédige une constitution autoritaire qui instaure la présidence à vie, mais refuse le pouvoir. Sucre est choisi comme étant le seul homme capable. Président de la nouvelle république de Bolivie il limite son mandat à deux ans (1826-1828). Son gouvernement est un modèle de despotisme éclairé, combinant le développement économique avec les mesures sociales. Sa politique agraire échoue devant la résistance des propriétaires; s’il réussit à obtenir la libération des esclaves, il ne peut empêcher leur transformation en peones , esclaves de fait. Il s’en va sur cet échec, pessimiste quant à l’avenir de la Bolivie, et tombe sous les coups des assassins, six mois avant que ne meure Bolívar.
Encyclopédie Universelle. 2012.